Trois haïkus pour le soir.
Dans la jarre d'eau flotte
Une fourmi
Sans ombre
Seishi
Paresseuse, ce soir, ou peut-être simplement fatiguée, je me sens d'humeur à me balader une fois de plus dans Fourmis sans ombres, le livre du haïku, anthologie-promenade de Maurice Coyaud.
C'est un joli petit livre avec plein de haïkus dedans, de "fourmis sans ombre" , de "brefs poèmes sans sillage". Tout l'art du haïkiste consiste à saisir l'instant, la sensation plus ou moins fugaces et à les transformer en peu de mots. Tout l'art du lecteur consiste à ressaisir l'instant, à faire sienne la sensation. C'est parfois évident, parfois moins. Cela dépend du haïkiste, du lecteur, du moment... Je constate par exemple que Buson me parle particulièrement ce soir. Cela n'a pas toujours été le cas.
Le recueil est divisé en vingt-quatre sections. Dans la première, "Humeur flaneuse", Maurice Coyaud expose longuement et précisément ce qu'est l'art du haïku et en explique les difficultés de traduction. Dans les autres, s'entremêlent haïkus, contes brefs, quelques commentaires de l'auteur et quelques vers de poètes français aussi, tels que Verlaine, Apollinaire...
Pour ce soir, voici trois haïkus, issus des trois premières sections de cette anthologie-promenade.
"Humeur flâneuse"
Comme si elle était mon âme
Elle s'épanouit, la fleur de magnolia
Je me sens mieux
Kawabata Bôsha
"Moments"
Dans la gelée blanche du sentier
Epanoui oublié
Un pissenlit
Buson
"Humour"
Ils ne pipaient mot
Ni l'invité ni l'hôte
Ni les chrysanthèmes blancs
Ryôta
La suite une autre fois.